Peut-on vivre de la correction ?
AH ! Cette question est sans doute celle qui revient le plus dans ma boîte de réception. Et elle est légitime. De nombreuses idées reçues sur le sujet prolifèrent, à commencer par celle que l’on ne peut pas vivre de la correction. Penchons-nous donc sur ce sujet pour savoir si oui ou non, les correcteurs ne mangent que des pâtes pour survivre.
Freelance ou salarié ?
Déjà, il est important de rappeler que tous les correcteurs n’ont pas le même statut professionnel. Certains sont salariés d’une entreprise (en CDI ou en CDD, à temps plein ou à mi-temps), et d’autres sont indépendants. Nous allons surtout nous concentrer sur ce second cas dans cet article, car c’est celui que je connais le mieux, mais aussi parce qu’un statut de salarié laisse moins de place à l’incertitude (même si ça dépend des situations, bien sûr).
Globalement, un correcteur salarié aura plus de stabilité qu’un freelance, avec un revenu régulier à la fin de chaque mois, un contrat qui le protège, une ou des missions pour occuper tout son emploi du temps.
L’organisation de l’indépendant, elle, peut énormément varier selon le profil du correcteur, les missions qu’il remplit, les services qu’il propose… Certains peuvent avoir une ou plusieurs grosses missions régulières (c’est mon cas), ce qui leur offre une stabilité semblable à celle des salariés. D’autres enchaînent plutôt les petites missions ponctuelles, ce qui est plus précaire, mais donne plus de liberté et de choix.
Dans les deux cas, la rémunération du correcteur ou de la correctrice freelance dépendra des tarifs mis en place. Il faut également garder en tête que pour gagner l’équivalent de ce que gagne un salarié, un indépendant devra généralement travailler plus d’heures. Au-delà de la simple correction et de la gestion des clients, il faut penser au temps de prospection, peu importe la forme qu’elle prend, et à la gestion de son autoentreprise.
Les tarifs de correction indépendante
En tant qu’indépendant, chacun est libre de fixer ses tarifs comme il le souhaite, même s’il vaut mieux s’aligner sur les prix du marché. Il existe différentes façons de tarifer une prestation de correction : au nombre de signes avec ou sans espaces, au nombre de mots, au temps, au forfait…
En moyenne, les tarifs d’un correcteur professionnel sont compris entre 20 et 30 euros pour 10 000 signes sans espaces, avec deux relectures. Pour vous donner un exemple concret, mon tarif à moi est de 25 euros pour 10 000 signes sans espaces, avec deux relectures et un passage dans Antidote.
C’est normalement à vous, le freelance, de fixer votre prix. Néanmoins, certains médias ou maisons d’édition ont leur propre grille tarifaire. C’est le cas de l’un de mes clients, dont le tarif est de 0,014 centime le mot. À vous de faire en sorte que cela vous convienne, sans vous brader. Le risque à choisir ou à accepter des prix trop bas est de ne plus s’y retrouver financièrement et de travailler à perte.
Enfin, n’oubliez pas que l’argent que vous touchez en tant qu’indépendant est brut, vous devrez en déduire les charges sociales à l’URSSAF et les impôts.
Un salaire qui réclame une contrepartie
Je vais certainement enfoncer des portes ouvertes avec cette partie, mais comme cela ne semble pas évident pour tout le monde, autant le faire. Vous faire payer pour corriger des textes, c’est très bien. Mais justement, il faut corriger.
La correction n’est pas une simple lecture de roman, elle demande de s’investir, de réfléchir (voire de s’arracher les cheveux), d’aller faire des recherches pour vérifier les informations ou une orthographe particulière. Tout cela prend du temps, beaucoup de temps (d’où la nécessité de ne pas se brader).
Donc, comme c’est quelque chose que j’ai beaucoup remarqué lorsque l’on m’écrit pour avoir des renseignements sur mon métier, je préfère le dire, quitte à passer pour une donneuse de leçons : si vous devenez correcteur et que vous voulez mériter votre salaire, il va falloir vraiment travailler.
Mon expérience
Pour ma part, j’ai la chance d’avoir un contrat régulier qui me prend presque tout mon temps, m’assure un revenu stable et me permet de vivre. J’ai également trois autres clients un peu moins réguliers qui me permettent de compléter mes revenus, et il m’arrive d’accepter de nouvelles missions ponctuellement.
En conclusion : vivre de la correction
Alors, peut-on vivre de la correction ? La réponse : ça dépend, et ça dépend surtout de vous. Si vous êtes prêt à travailler (beaucoup) pour trouver vos clients et à donner le meilleur de vous-même pour vos missions, il n’y a aucune raison pour que ça ne finisse pas par fonctionner.
Meilleur article sur le sujet ! Bravo !
En espérant que tous les correcteurs de ce monde lisent un jour ça et comprennent que non, ce métier n’est pas une planque, mais bien un métier exigeant qui demande beaucoup de rigueur.
Par contre, pas d’accord sur les pâtes tous les jours. Les patates, ça c’est la vie ! 🥔
Merci beaucoup 😁 J’avoue qu’avec ce que je vois sur les réseaux autour de moi, je me dis que le message a du mal à passer 🙄
Les patates, c’est trop long à cuire 😝
Très bel article comme à chaque fois !
Merci de ce partage (grâce à un article précédent je me suis lancée et inscrite à l’Emi).
Pour terminer, on peut manger des patates (cuites au micro-ondes – si si ça existe) ou des pâtes (cuisson en 3 mn). 😁😁