Comment devient-on correcteur ou correctrice ?

Comment devient-on correcteur ou correctrice ?

Cette question, je la reçois au minimum une fois par jour. Et je ne peux que comprendre. Moi-même, lors de mes études, je m’interrogeais. Mais comment fait-on pour devenir un correcteur, un vrai ? Cet article a donc pour vocation de vous raconter un peu mon parcours et de vous montrer comment je suis devenue le Sniper des fautes d’orthographe.

Un auteur fan d’orthographe

Vous ne le savez peut-être pas, mais en plus de mon activité de freelance, je suis également écrivain. Je suis passionnée par l’écriture depuis ma plus tendre enfance et j’ai écrit mon premier vrai roman en 2010.

J’ai donc toujours eu à cœur de bien écrire. Au lycée, les mathématiques n’étaient pas mon fort, et je me suis plongée corps et âme dans mes cours de français. Et pourtant, je n’avais pas de très bonnes notes, surtout à cause des dissertations et des commentaires que je détestais faire. La seule chose que j’aimais, c’étaient les écritures d’invention.

Néanmoins, ma mère, grande littéraire, me faisait souvent faire des dictées et m’avait offert son Bescherelle que je lisais pour le plaisir. Même moi, avec le recul, je trouve ça bizarre. Hormis cela, j’étais un véritable rat de bibliothèque, je lisais énormément de romans, quasiment tous de fantasy. Je lis toujours aujourd’hui, mais beaucoup plus lentement, par manque de temps.

De plus en plus, vers la fin de mes années de lycée, j’ai commencé à m’intéresser à la langue française. Pour m’amuser, j’allais faire des quizz d’orthographe et des exercices sur Français facile (on s’occupe comme on peut, hein). Être correctrice, j’y pensais. Mais on m’avait dit que c’était impossible d’en vivre, impossible de le devenir. Bref, on avait tué dans l’œuf l’un des métiers les plus susceptibles de m’intéresser.

Mélany Bigot écrivain

Mon parcours littéraire

On passera sous silence mon année de droit dont je n’ai retenu qu’une seule chose, la différence entre « stipuler » et « disposer » (cf. mon tout premier post sur l’orthographe sur LinkedIn).

N’aimant qu’une seule chose dans la vie, les livres (autant à lire qu’à écrire), j’ai décidé d’aller en fac de Lettres Modernes pour devenir professeur de français. Sauf que les cours m’ont littéralement dégoûtée de la grammaire. Ma meilleure note ? 7 sur 20, et encore, le professeur nous avait rajouté des points tant la moyenne de la classe était catastrophique.

Écœurée, j’ai fui vers les Lettres Appliquées avec un nouvel objectif : devenir éditrice. Là encore, un nouveau rêve brisé. Mon enseignante d’édition, qui dirigeait sa propre maison, m’avait recadrée (devant toute la classe) de façon très sympathique quand je lui avais dit que je souhaitais être éditrice ET écrivain. « On est soit l’un, soit l’autre, mais pas les deux. » Ok, bye, bye le monde de l’édition, dans ce cas. (En vérité, j’ai rencontré des gens par la suite qui étaient éditeurs ET écrivains, mais bon…)

Et c’est là que la providence a mis sur ma route le Master LARP dont je parle plus en détail dans cet article. Mon nouveau but ? Devenir rédactrice web. Car, à part écrivain, quel meilleur métier quand on aime écrire ?

En voyant mon emploi du temps, grimace : de la grammaire. Mais j’ai été agréablement surprise, les cours n’avaient rien à voir avec ceux que je suivais en Lettres Modernes. Ils reprenaient toutes les bases du français, avec les COD, les COI, le subjonctif, les barbarismes, la ponctuation. Au cours de ces deux ans, j’ai réalisé que jusque-là, je croyais être excellente en orthographe. En vérité, j’étais simplement à un niveau correct, tant j’avais des lacunes. J’ignorais que « baser sur » ne se disait pas. Que « un mets » prenait toujours un s. Et même qu’il y avait une différence notable entre « compliqué » et « difficile ».

Devoir expliquer pour comprendre

Mais le LARP n’a pas été le seul facteur qui m’a aidée à progresser en orthographe et à acquérir mes compétences actuelles. Le second ? J’ai nommé Lisa, ma cousine de 19 ans aujourd’hui.

De la quatrième à la première, j’ai accompagné Lisa toutes les semaines en soutien de français et de latin. Et vous savez quoi ? Grâce à ça, mes notes de latin sont passées de médiocres + à quasi excellentes. La raison à cela est très simple : en faisant réviser ma cousine, je révisais moi-même. Il me fallait même comprendre en amont ce que j’allais lui expliquer, afin de lui présenter les règles le plus clairement possible.

Les choses se sont compliquées quand on est arrivées au chapitre des subordonnées relatives, pour lesquelles j’avais eu un 2 sur 20 en quatrième (#traumatisme). J’ai donc passé des heures à écumer Français facile et autres sites spécialisés en langue française pour comprendre. J’ai fait des exercices que j’ai ensuite fait refaire à Lisa.

Et finalement, tout a fini par s’éclairer. Et les cours de grammaire du LARP ont par la suite renforcé ces connaissances qui me sont aujourd’hui très utiles.

Mes premiers pas dans le métier de correcteur

« Mélany, tu pourrais corriger mon mémoire ? » Quand mon ancienne voisine m’a demandé ça, j’ai aussitôt accepté. Je venais tout juste d’arriver en Lettres Appliquées et j’étais en train de développer une sévère allergie aux fautes.

Ce fut le premier mémoire d’une longue lignée, car depuis, de nombreux autres ont rejoint mon palmarès de correctrice. Je ne sais pas si mes corrections étaient parfaites, j’en doute fort d’ailleurs, mais je sais que ma voisine avait eu une note excellente et des compliments sur sa prose.

Après ça, j’ai effectué un stage dans une maison d’édition qui a aujourd’hui fermé. Mon travail consistait à relire des manuscrits, à dire s’ils devaient ou non être publiés, et à les corriger. C’est là-bas que j’ai développé un amour inconditionnel pour les virgules.

En parallèle de mes études, j’ai donc continué de corriger divers textes, des livres pour des camarades, un scénario pour une connaissance, les mémoires de mes amies de fac. L’une d’elles me donna d’ailleurs un surnom après que je lui ai renvoyé son mémoire intégralement corrigé : le Sniper des fautes d’orthographe.

Quand j’ai décidé de devenir freelance

Je l’ai dit, au cours du LARP, j’avais décidé de devenir rédactrice web. J’ai donc fait un stage dans une agence en tant que rédactrice. Et si j’y ai appris de nombreuses choses, j’ai su que le monde de l’entreprise n’était pas fait pour moi. Depuis des années déjà, je regardais des vidéos « morning routine » de freelances et ça me faisait rêver, mais on me disait que ce n’était pas possible d’être comme eux. Pourquoi ? Ben parce que c’est comme ça (paye ton argument).

Tout ce que je souhaitais, c’était rester chez moi, travailler à mon rythme, choisir mes clients, mes projets, mes missions. Bref, la liberté. Je n’y croyais pas, mais Inès Sivignon, ma fidèle acolyte rencontrée en licence, me prouva le contraire. En plein pendant nos stages de fin d’année, elle se lança en freelance, et alors que je passais tout juste ma soutenance, elle en vivait déjà.

Un modèle que j’ai décidé de suivre. Le 1er octobre 2019, je créais officiellement mon autoentreprise. Je proposais alors deux services : la rédaction et la correction. Honnêtement, je n’y croyais pas trop pour la deuxième partie. Mais j’avais, au cours de mes études, rencontré une fille sur un forum d’écriture qui était correctrice freelance. Je me disais donc qu’il s’agissait bien d’un métier à part entière.

Le Sniper des fautes d’orthographe sur LinkedIn

Comme je déteste prospecter, j’ai misé sur une stratégie d’inbound marketing sur LinkedIn. C’est-à-dire que je poste des contenus qui montrent mes capacités de rédactrice et de correctrice qui donnent envie aux potentiels clients de me contacter.

J’ai observé un peu les formats qui se faisaient déjà autour de moi. Je me suis inspirée de certains, que j’ai mélangés jusqu’à obtenir ce qui me ressemblait. Mon premier post orthographique sur « stipuler et disposer » a rencontré un petit succès (600 vues je crois, j’étais aux anges). Un autre, sur quelqu’un qui m’avait demandé une correction gratuite, a explosé, avec plus de 100 000 vues (mon premier buzz). J’avais alors trouvé ma ligne éditoriale : des posts de rageuse qui traiteraient d’orthographe.

Les gens me suivaient, me contactaient pour que j’écrive pour eux. Et, en décembre, miracle, j’ai reçu ma première mission de correction ! Un rapport scolaire pour une étudiante qui est depuis devenue une fidèle cliente.

Depuis, les choses ont bien changé. J’écris toujours à l’occasion pour un client, mais le plus clair de mon temps est désormais occupé par des corrections. Mémoires, romans, rapports professionnels, devoirs scolaires, articles, e-mails… Tout y passe. Et je l’avoue : j’adore ça.

Sniper des fautes d'orthographe

Comment devient-on correcteur ?

Bon, revenons au titre initial, tout de même. Je vous raconte ma vie, c’est bien beau, mais concrètement, comment on devient correcteur ou correctrice ?

Pour commencer, il faut aimer la langue française, bien évidemment. Celle-ci ne doit pas avoir de secrets pour vous, voilà pourquoi je vous recommande de suivre une formation. Je vous l’ai dit, je pensais tout connaître sur l’orthographe en arrivant en master, et mes cours du LARP m’ont prouvé le contraire.

Bien sûr, on n’a pas tous la chance d’habiter à Lyon et de pouvoir faire ce fabuleux cursus. À titre personnel, je connais assez peu de formations pour devenir uniquement correcteur. Évidemment, le Certificat Voltaire peut être une excellente base. On m’a également parlé de l’ÉMI, qui a une très bonne réputation. De toute façon, j’en ferai un article à l’occasion.

Hormis cela, entraînez-vous. Une fois que l’on arrête les cours, on perd très vite sa grammaire. Mon site favori : Français facile, avec des exercices et des cours vraiment bien construits.

Il est également essentiel d’avoir des livres tels que le Bescherelle, le Dictionnaire des difficultés de la langue française et des manuels de typographie chez soi, en cas de doute. Sinon, les sites de l’Académie française (section On dit/on ne dit pas) et du Projet Voltaire vous aideront si vous avez un souci. Je vous livre plusieurs ressources dans cet article.

Enfin, pour commencer votre carrière, je vous conseille de coupler votre métier de correcteur avec une autre activité, comme rédacteur ou traducteur. Au moins pour vos débuts, le temps que votre activité démarre, ce que je vous souhaite !

Correcteur ou correctrice


17 thoughts on “Comment devient-on correcteur ou correctrice ?”

  • Super article, bravo !

    Le seul mot « ortographe » me hérisse le poil mais j’ai pris plaisir à vous lire. J’ai peur d’écrire plus et de faire une faute !

    Personnellement, j’utilise beaucoup Antidote, je pense que ça pourrait faire l’objet d’un article (les erreurs des correcteurs automatiques)

    Bonne continuation !

    Nicolas

      • Bonjour/Bonsoir, vous avez publié votre article, il me semble deux ans auparavant mais ce dernier m’a permis de mieux visualiser le métier de correcteur/correctrice. Je suis encore jeune et hésitante pour mon avenir mais je me penche sur la question depuis un moment. Étant une grande fan de la langue française, je voulais partir dans la voix littéraire, votre parcours ainsi que vos conseils me donnent encore plus envie de faire ce métier. L’orthographe est quelque chose qui m’effrayait étant petite mais maintenant m’intéresse. Merci pour votre article qui m’a permis d’avoir des détails sur ce métier peu connu mais intéressant. Bonne journée/soirée.

  • Bonjour,
    Je suis arrivée sur votre site, à la suite d’un message de Marjolaine REVEL. sur le site LinkendIn.
    Très intéressée par les formations à l’écriture, mais pas particulièrement le Web, je ne pourrai suivre le LARP à Lyon.
    Quelle formation me conseillez-vous ? Inès ?
    Merci pour vos publications.
    Avec mes meilleures salutations.

  • Merci, Mélany, pour vos articles très instructifs !
    J’hésite en ce moment à m’orienter vers le Master LARP : j’ai 46 ans, 2 enfants. J’ai une Licence de Lettres Modernes, une Maîtrise d’information-Documentation, un Master Publication Numérique ; je vis à Lyon et je réfléchis à une reconversion professionnelle.
    Savez-vous si le secteur presse-édition-communication embauche beaucoup en salariat à Lyon ? L’aventure freelance m’intimide trop pour le moment…
    Au plaisir de vous lire !

    • Bonjour Anne-Gaëlle, merci pour votre retour 😊 Je ne connais pas trop le monde du salariat, mais je pense qu’il est possible de trouver du travail sans être freelance. Le LARP proposait quand j’y étais une liste d’entreprises qui recrutaient des stagiaires ou des employés. Pour vous faire une idée du marché du travail, je vous conseille de jeter un œil aux sites Indeed et Profil Culture, vous pourrez voir les différentes offres d’emploi dans la région lyonnaise dans le domaine qui vous intéresse.
      Bon courage à vous !

  • Depuis toute petite, je rêve d’écrire mon livre. Je suis une bibliophage, au sens figuré bien sûr, J’ai appris à lire avant de savoir marcher ou presque.
    Je me suis également rendue compte que j’étais plutôt douée en tant que correctrice pour avoir corrigé des comptes-rendus, mémoires et dissertations.
    Je songe fortement à en faire mon 2e métier (je suis déjà assistante de direction à mi-temps) et je voudrais compléter avec ma passion.
    Votre article m’a touché et a réveillé en moi cette passion de l’orthographe et de la langue française.
    Je vous remercie pour ce partage et espère un jour, peut-être, faire appel à vos services pour corriger mon livre =)

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