Pourquoi devez-vous faire corriger votre roman par un professionnel ?
« La correction ? J’en ait pas besoin ! Ma tante est prof de français, elle relira vite fais mon roman ! » Bon, pardonnez-moi ces douloureuses coquilles, mais c’est assez révélateur de ce que certains écrivains pensent. Pour beaucoup, la correction par un professionnel est facultative. Et pourtant, pourtant ! Je vais vous montrer à quel point cette étape est essentielle dans le processus créatif.
Une relecture pour respecter ses lecteurs
Lire un roman truffé de fautes d’orthographe est une vraie plaie. Vraiment ! On s’arrête toutes les cinq minutes, car on a buté sur une coquille. Et c’est suffisant pour décrocher du récit. Il est quand même dommage, quand une histoire est bonne, d’en dégoûter les lecteurs à cause d’une correction bâclée (ou carrément ignorée).
Faire relire son roman est donc une marque de respect pour les lecteurs. Nous leur prouvons ainsi que notre histoire nous tient à cœur au point de vouloir la montrer sur son meilleur jour. Car, oui, publier un texte bourré de fautes démontre un certain je-m’en-foutisme.
Récemment, une maison d’édition que je ne nommerai pas a subi les violentes protestations de ses lecteurs à cause de très nombreuses fautes oubliées dans ses manuscrits. On y trouvait même des notes de traduction qui n’avaient pas été effacées. Cela laisse penser que le travail n’a pas été fait sérieusement, et le lecteur se sent « trahi » d’avoir payé pour ça.
Eh oui, n’oubliez pas que le lecteur achète votre roman, il veut donc en avoir pour son argent. À titre personnel, je suis toujours agacée quand je découvre beaucoup de fautes dans un livre que je lis pour le plaisir. Bien sûr, chaque roman peut en contenir une ou deux, car les correcteurs sont avant tout des êtres humains et ne voient malheureusement pas tout.
Mais quand il y en a plus d’une dizaine… Ça ne me donne pas envie de poursuivre la lecture, car je me dis que le travail n’est pas qualitatif. Et ce, même si l’histoire me plaît. J’ai notamment été très déçue de l’une de mes sagas favorites, dont les derniers tomes comportaient de nombreuses fautes, malgré le fait qu’elle soit publiée dans une très grande maison…
Détruire la mauvaise réputation de l’auto-édition
Mais, si les maisons d’édition ne sont pas toujours exemplaires sur la correction, l’auto-édition est encore plus mauvaise élève. Manque d’argent, de temps, d’envie : les auteurs qui se publient eux-mêmes font souvent l’impasse sur une vraie correction, et les résultats sont catastrophiques.
En grande partie à cause de cela, l’auto-édition souffre d’une très mauvaise réputation. De nombreux salons refusent d’accueillir les auteurs indépendants, des chroniqueurs et chroniqueuses n’acceptent pas leurs services presse…
Un auteur qui s’auto-édite et qui fait mal le travail ternit l’image de ce milieu. À l’inverse, un écrivain qui prend le temps de bien faire les choses contribuera à redorer le blason de l’auto-édition, qui en a bien besoin.
Vous choisissez de ne pas passer par un éditeur classique, très bien. Mais dans ce cas-là, ne faites pas le travail à moitié et assumez toutes les responsabilités qui découlent de votre décision. La correction intégrale de votre roman en fait partie.
Mettre toutes les chances de son côté en édition
A priori, une maison d’édition digne de ce nom qui aura sélectionné votre roman fera appel à un (ou même plutôt des) correcteur professionnel. Mais justement, pour en arriver à cette étape, il faut que votre livre soit sélectionné, et ce n’est pas chose aisée.
Ce n’est pas un mythe, le monde de l’édition est très difficile d’accès, en particulier pour un auteur débutant. Autant mettre toutes les chances de son côté en envoyant un manuscrit aussi nickel que possible.
Pour cela, la case correction est obligatoire. La plupart des éditeurs (à compte d’éditeur) refusent d’office des romans qui comprennent des fautes d’orthographe. Ils ont tellement de manuscrits à lire qu’ils n’ont pas de temps à perdre avec un livre bâclé. Et votre histoire peut être la plus merveilleuse du monde, ils ne le sauront jamais à cause d’une bête coquille. Dommage, non ?
L’orthographe, mais pas que…
Un correcteur ou une correctrice est donc là pour corriger votre roman et en retirer les fautes d’orthographe. Mais il ne s’agit que d’un aspect de son travail. Je ne parle pas de bêta-lecture, mais essentiellement de la forme de l’histoire. Et rien qu’à ce niveau, il y a beaucoup à faire.
Déjà, le correcteur est un as de l’orthographe, il va traquer toutes les fautes, même les plus subtiles, les plus discrètes, les plus cachées. Son œil de lynx repère les erreurs typographiques, comme une espace mal utilisée, une virgule mal placée ou l’emploi d’un mauvais tiret.
Il fait également attention à la syntaxe et la grammaire, à la concordance des temps et aux bons accords de conjugaison, aux répétitions et aux maladresses de style. C’est un sacré boulot !
Mais aussi, le correcteur ou la correctrice remarque les incohérences présentes dans le récit. Un exemple tout bête : l’autre fois, je corrigeais un roman où la protagoniste partait de France pour aller aux États-Unis. Là-bas, elle appelait son amie restée dans l’Hexagone. Or, à la lecture de l’histoire, j’ai réalisé que le décalage horaire n’était pas pris en compte.
Tout le travail du correcteur est donc là pour améliorer le récit, sans pour autant empiéter sur le style de l’auteur. Sauf mention contraire de la part de l’écrivain, le relecteur ne va pas réécrire des pans entiers de l’histoire et reformuler à l’envi. Il peut faire des suggestions si une phrase lui semble bancale ou peu esthétique. Mais il n’impose rien à l’auteur, hormis un français correct.
Professionnel ou connaissance douée en français ?
Ah, on arrive au grand débat qui enflamme les auteurs. Nombreux sont ceux qui ont une connaissance douée en français (un prof de français, un rédacteur, un grand lecteur ou même une profession totalement hors sujet) ou un étudiant en lettres prêt à travailler gratuitement à qui confier leur histoire. Ou certains décident de relire eux-mêmes leur livre, parce qu’ils sont bons en orthographe.
C’est bien, ils font donc relire leur manuscrit sans dépenser un centime. Ils le publient, reçoivent des commentaires acerbes sur leur orthographe, puis reviennent tout penauds vers un vrai correcteur. Je ne l’invente pas, j’ai reçu énormément de messages de ce type.
Plutôt que de perdre du temps et de la crédibilité, voire de l’argent si vous rémunérez une personne non compétente, je vous recommande de faire directement appel à un professionnel. Certes, la correction, ça coûte cher, mais c’est le prix à payer pour avoir un manuscrit nickel à la fin. D’ailleurs, souvent, mes clients sont étonnés quand je leur renvoie leur manuscrit de découvrir autant de corrections, et notamment sur des choses auxquelles ils n’auraient pas du tout pensé.
Quant à relire soi-même son manuscrit, c’est une mauvaise idée. On a toujours besoin d’un regard extérieur, car il est très difficile de voir ses propres fautes. Moi-même qui suis correctrice, je fais relire mes romans par d’autres personnes pour qu’elles trouvent les fautes que j’aurais loupées.
Donc, si vous venez de terminer votre roman et que vous souhaitez le publier ou l’envoyer à un éditeur… vous savez ce qu’il vous reste à faire 😉